Annonçons
tout de suite la couleur : le troisième
album de Distress est grand, très grand
! « Others » se ballade entre les styles
en mariant intelligemment une base doom-death
assez classique avec des élements dark,
progressifs et acoustiques. Avec un
répertoire aussi large, le pari était
risqué. Les strasbourgeois s’en sortent
pourtant avec les honneurs : les morceaux
passent tout seuls grâce à une trame
très bien pensée, conférant à l’album
une certaine homogénéité tout en restant
complexe.
Dès
les premières minutes de ce « Others
», l’ambiance est posée. La rythmique
pachydermique soutient un chant black/death
martial à souhait, entrecoupé de vocaux
clairs que n’aurait pas reniés un certain
Mikael Åkerfeldt. Les breaks de guitare
acoustique sont omniprésents, qu’ils
soient là uniquement pour faire monter
la pression avant une reprise, ou pour
plonger l’auditeur dans de longues transitions
atmosphériques. Un travail vraiment
intéressant a été fait sur ces parties,
et le groupe réussit à exploiter de
manière captivante ses thèmes musicaux
en les faisant évoluer à travers cette
alternance schyzophrénique d’ambiances
intimistes et de distortions glaciales.
Vous
l’aurez compris, c’est un univers des
plus torturés que propose Distress tout
au long des dix morceaux qui composent
« Others ». Un ciel orageux et tourmenté
à travers lequel réussissent à percer
quelques rares pointes de lumière, comme
dans « The Brave Matters », « Captive
» ou encore l’excellent « Measured »,
véritables bouffées d’air frais alors
qu’on se surprend presque à serrer les
dents tant l’atmosphère générale est
pesante. Il y a dans cet album une véritable
trame, une mise en scène dans laquelle
rien n’a été laissé au hasard, et même
si la durée des morceaux varie globalement
de 7 à 10 minutes, il faut bien reconnaître
qu’elle ne souffre d’aucune longueur,
ce qui est loin d’être le cas partout
dans le monde merveilleux du Doom Metal.
Alors,
un sans faute ? Quasiement. Je ne peux
m’empêcher de penser que si les parties
acoustiques sont purement et simplement
irréprochables, il y a encore matière
à améliorer sur les parties « metal
», qui gagneraient parfois à être plus
massives. La batterie, sur certains
passages, a tendance à trop rechercher
l’originalité au détriment de l’efficacité,
et ne fait pas assez corps avec les
autres instruments, rendant l’ensemble
moins lourd qu’il ne pourrait l’être.
Ceci dit, ce détail reste mineur, et
on ne peut que saluer le travail qui
a été fait sur cet album. Distress se
place sans aucune hésitation parmi mes
meilleures découvertes de l’année, et
je suis convaincu que ce « Others »
a l’étoffe d’un futur classique du genre
!
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